Nos coups de coeur

Il y a quelqu’un dans la maison – Patricia Darré (Michel Lafon)

Nous ne sommes jamais seuls. Tous les lieux sont « habités ». Les forêts, les montagnes, mais aussi les maisons. Qui d’entre nous n’a pas été pris d’angoisse dans certains paysages, ou au contraire s’y est senti à l’aise, enchanté ? Dans les demeures que nous avons choisies, anciennes fermes, forteresses ou châteaux, errent parfois des âmes qui s’en croient encore propriétaires et attaquent les nouveaux occupants. Patricia Darré nous raconte ici les fascinantes expériences qu’elle a vécues dans ces endroits « hantés », qu’on lui a demandé de venir libérer de leurs forces maléfiques. Elle n’y arrive pas avec un crucifix et de l’eau bénite. Elle y passe une journée, une nuit ou plusieurs et observe les manifestations. Meubles déplacés, coups dans les portes, souffles, odeurs, cris, pleurs… et habitants terrorisés, perdant leur équilibre physique et parfois mental. Puis elle enquête : qui a vécu ici ? Que lui est-il arrivé ? Et elle cherche à entrer en contact. Pour nÉgocier, libérer, non pas la maison, mais l’âme en peine de la souffrance qui la retient prisonnière. C’est un travail de compassion et d’amour, et les résultats sont surprenants. Cela dit, nul besoin d’aller toujours chasser les fantômes pour apprendre à sentir la « matière psychique » d’un lieu. L’auteure nous explique comment faire pour y parvenir. Elle nous apprend aussi à ne pas avoir peur de certaines présences que l’on sent, ou même voit dans un demi-sommeil. Ce sont peut-être des êtres chers qui viennent nous visiter, ou des inconnus inspirés qui ainsi nous protègent, nous conseillent, nous avertissent d’un danger. Marcel Proust disait : « Tout est signe et tout signe est message »

La sonate oubliée – Christiana Moreau (Préludes)

Deux jeunes filles réunies à travers les siècles par une mystérieuse partition. Deux cœurs passionnés de musique et de liberté. Une ville, Venise du temps de Vivaldi et aujourd'hui. À 17 ans, Lionella, d'origine italienne, ne vit que pour le violoncelle, ce qui la distingue des autres adolescents de Seraing, la ville où elle habite en Belgique. Elle peine toutefois à trouver le morceau qui la démarquerait au prochain grand concours Arpèges. Jusqu'au jour où son meilleur ami lui apporte un coffret en métal, déniché dans une brocante. Lionella y découvre un journal intime, une médaille coupée et ... une partition pour violoncelle qui ressemble étrangement à une sonate de Vivaldi. Elle plonge dans le destin d'Ada, jeune orpheline du XVIIIe siècle, pensionnaire de l'Ospedale della Pietà, à Venise, dans lequel «le prêtre roux», Antonio Vivaldi, enseignait la musique à des âmes dévouées. Entremêlant les époques avec brio, ce premier roman vibrant nous fait voyager à travers la Sérénissime, rencontrer l'un des plus grands compositeurs de musique baroque, et rend un hommage poignant à ces orphelines musiciennes, virtuoses et très réputées au XVIIIe siècle, mais enfermées pour toujours dans l'anonymat. Christiana Moreau est aussi peintre et sculptrice! Visiter son blog: http://christianemoreau.blogspot.be/

Alma Viva – Vincent Engel (Ker Editions)

Venise, 1740. À peine remis de l’échec de son dernier opéra, don Antonio est contraint à un nouveau succès s’il ne veut pas être cloîtré à la Pietà, l’établissement pour jeunes orphelines où il enseigne la musique. D’autant que l’on prétend que sa musique est vieille, sans parler des rumeurs qui bruissent sur les mœurs du vieux prêtre. Son ami l’ambassadeur d’Espagne lui présente alors Lorenzo, qui écrira un livret à la hauteur du défi. Défi multiple, car il s’agira aussi pour le compositeur de sauver certaines de ses élèves les plus douées et les plus jolies. Se mettent alors en mouvement des rouages qui pourraient broyer à jamais le destin du prêtre roux. Ou le conduire à la gloire, une ultime fois… Ce que l’on sait de la vie de Vivaldi tient en quelques anecdotes, et tout le monde ignore les raisons pour lesquelles il a quitté Venise pour Vienne, où il mourra. Vincent Engel a puisé les confidences du plus célèbre des compositeurs vénitiens dans sa musique ; c’est elle qui lui a dicté les pensées et les gestes de cet amoureux de la vie.

Entrez dans la danse – Jean Teulé (Julliard)

Une étrange épidémie a eu lieu dernièrement Et s’est répandue dans Strasbourg De telle sorte que, dans leur folie, Beaucoup se mirent à danser Et ne cessèrent jour et nuit, pendant deux mois Sans interruption, Jusqu’à tomber inconscients. Beaucoup sont morts. Chronique alsacienne, 1519

Une femme que j’aimais – Armel Job (Robert Laffont)

Un secret qui ne passe pas… Chaque week-end, Claude, jeune homme au tempérament solitaire et à la vie un peu terne, rend visite à la seule personne qu'il aime rencontrer, sa tante Adrienne, qui habite une belle villa à la campagne. Adrienne a cinquante-cinq ans, elle est veuve, elle ne sort pratiquement jamais de chez elle. Mais sa douceur, sa beauté fascinent Claude, comme tous les hommes qui ont un jour croisé son regard. Un samedi, Adrienne évoque un secret qui depuis toujours pèse sur son coeur. Elle voudrait le confier à Claude, qui refuse de l'entendre. Quelques semaines plus tard, il la trouve gisant sur le carrelage de la villa, morte. Accident ? Meurtre ?… Alors, seulement, Claude se met en quête de la confidence qu'il n'avait pas voulu recevoir. Cette quête va le mener sur les traces du passé d'Adrienne, chaque rencontre lui suggérant une réponse que remet en question la suivante… Sur un rythme de thriller psychologique qui entraîne le lecteur de fausse piste en fausse piste jusqu'à la révélation finale, un magnifique portrait de femme où Armel Job explore avec le talent qu'on lui connaît les paradoxes de l'âme humaine, de la dévotion à la haine.

Le ministère du bonheur suprême – Arundhati Roy (Gallimard)

"Le Ministère du Bonheur Suprême" nous emporte dans un voyage au long cours, des quartiers surpeuplés du Vieux Delhi vers la nouvelle métropole en plein essor et, au-delà, vers la Vallée du Cachemire et les forêts de l’Inde centrale, où guerre et paix sont interchangeables et où, de temps à autre, le retour à «l’ordre» est déclaré. Anjum, qui fut d’abord Aftab, déroule un tapis élimé dans un cimetière de la ville dont elle a fait son foyer. Un bébé apparaît soudain un peu après minuit sur un trottoir, couché dans un berceau de détritus. L’énigmatique S. Tilottama est une absence autant qu’une présence dans la vie des trois hommes qui l’aiment. Cette histoire d’amour poignante et irréductible se raconte dans un murmure, dans un cri, dans les larmes et, parfois, dans un rire. Ses héros sont des êtres brisés par le monde dans lequel ils vivent, puis sauvés, réparés par l’amour et l’espoir. Aussi inflexibles que fragiles, ils ne se rendent jamais. Ce livre magnifique et ravageur repousse les limites du roman dans sa définition et dans sa portée. Vingt ans après Le Dieu des Petits Riens, Arundhati Roy effectue un retour époustouflant à la fiction.

L’amie prodigieuse tome 4 – Elena Ferrante (Gallimard)

À la fin de Celle qui fuit et celle qui reste, Lila montait son entreprise d’informatique avec Enzo, et Elena réalisait enfin son rêve : aimer Nino et être aimée de lui, quitte à abandonner son mari et à mettre en danger sa carrière d’écrivain. Car elle s’affirme comme une auteure importante et l’écriture l’occupe de plus en plus, au détriment de l’éducation de ses deux filles, Dede et Elsa. L’histoire d’Elena et de Nino est passionnelle, et bientôt Elena vit au gré de ses escapades pour retrouver son amant. Lors d’une visite à Naples, elle apprend que Lila cherche à la voir à tout prix. Après avoir embrassé soixante ans d’histoire des deux femmes, de Naples et de toute l’Italie, la saga se conclut en apothéose. Plus que jamais, dans L’enfant perdue, Elena Ferrante nous livre un monde complet, riche et bouillonnant, à la façon des grands romanciers du XIXe siècle, un monde qu’on n’oublie pas.

Chanson de la ville silencieuse – Olivier Adam (Flammarion)

Je suis la fille du chanteur. La fille seule au fond des cafés, qui noircit des carnets, note ce qu'elle ressent pour savoir qu'elle ressent. La fille qui se perd dans les rues de Paris au petit matin. La fille qui baisse les yeux. Je suis la fille dont le père est parti dans la nuit. La fille dont le père a garé sa voiture le long du fleuve. La fille dont le père a été déclaré mort. Celle qui prend un avion sur la foi d'un cliché flou. Celle dans les rues de Lisbonne, sur les pentes de l'Alfama. Qui guette un musicien errant, une étoile dépouillée d'elle-même, un ermite qui aurait tout laissé derrière lui. La fille qui traverse les jardins, que les vivants bouleversent, que les mots des autres comblent, la fille qui ne veut pas disparaître. Qui peu à peu se délivre.

Couleurs de l’incendie – Pierre Lemaitre (Albin Michel)

Février 1927. Le Tout-Paris assiste aux obsèques de Marcel Péricourt. Sa fille, Madeleine, doit prendre la tête de l'empire financier dont elle est l'héritière, mais le destin en décide autrement. Son fils, Paul, d'un geste inattendu et tragique, va placer Madeleine sur le chemin de la ruine et du déclassement. Face à l'adversité des hommes, à la cupidité de son époque, à la corruption de son milieu et à l'ambition de son entourage, Madeleine devra déployer des trésors d'intelligence, d'énergie mais aussi de machiavélisme pour survivre et reconstruire sa vie. Tâche d'autant plus difficile dans une France qui observe, impuissante, les premières couleurs de l'incendie qui va ravager l'Europe. Couleurs de l'incendie est le deuxième volet de la trilogie inaugurée avec Au revoir là-haut, prix Goncourt 2013, où l'on retrouve l'extraordinaire talent de Pierre Lemaitre.